Les marchands de mort de Casablanca
Que dire de plus à propos de la barbarie aveugle qui a frappé Casablanca et Alger, ces derniers jours ? Une autre condamnation, une autre analyse... Pendant ces trois jours, les médias marocains et internationaux ainsi que la blogosphère nationale et mondiale n'ont pas cessé de nous commenter ces attentats, leurs causes et leurs conséquences.
D'aucuns ont ainsi estimé qu'il y a nécessairement une relation étroite entre les attentats algérois et casablancais, vu la concomitance des deux évènements. Est-il si important qu’une relation soit établie entre les auteurs des attentats d’Alger et de Casablanca ? N'est-il pas suffisant que ce soit la même idéologie haineuse qui les nourrisse. Une idéologie nihiliste chez laquelle, l'Autre n'a aucune valeur, encore moins de légitimité. D'autres analystes, journalistes ou blogueurs pensent avoir trouvé la cause de ce déferlement de violence. Il s'agit, selon eux, de la pauvreté et l'analphabétisme. Que dire alors des centaines de millions de pauvres éparpillés à travers le monde: en Amérique latine, en Afrique subsaharienne ou encore en Asie. A-t-on déjà entendu parler de Brésiliens ou de Haïtiens, excédés par leur pauvreté extrême, se faire exploser au milieu de leurs compatriotes civils innocents ?
Certes, la pauvreté peut constituer un terreau fertile pour embrigader ces éléments sans repère et il est urgent d'exiger un peu plus de justice sociale. Mais de là à imputer la cause du terrorisme à la pauvreté, comme l'estime Jamal Bouraoui, directeur du quotidien Annass, c'est faire preuve d'ignorance, voire même de malhonnêteté intellectuelle. Car, en faisant ces raccourcis dangereux, ces «analystes» donnent aux terroristes une cause et une légitimité inespérées. Ils négligent l'instrumentalisation politique du discours religieux et son exploitation habile de la frustration née de la situation internationale (Iraq, Palestine, Liban...) Depuis fort longtemps, les marchands religieux de la mort distillaient leur haine petit à petit, dans la clarté du jour et dans le silence étatique et social le plus total. Leurs «sermons» didactiques montraient aux esprits les plus faibles, que le paradis est au coin de la rue. Il est accessible, avec ses trésors charnels, immédiatement après une déflagration «purificatrice» au milieu de leurs compatriotes impies et hérétiques.
Le virus haineux est là. A côté de nous et au sein de nous. Un immense travail nous attend pour nettoyer les esprits de ces idées obscurantistes et nihilistes, et faire pousser, à la place, les graines de vie et de lumière. Une solution à long terme doit nécessairement passer par le civisme et l'éducation. Nous devons cela à nos enfants. Tel sera le fardeau et la mission de notre génération.